Villa Morelia / Les Bartavelles

Les maisons « mexicaines »

Fortunes faites, les ubayens de retour au pays natal désireux de montrer leur réussite s’attellent à la construction des maisons dîtes « mexicaines » ou « américaines ».

Il s’agit d’un nom impropre puisqu’à part de légères touches de décoration venant d’outre-Atlantique, elles ne reprennent pas les canons des styles de construction des pays auxquelles elles se référent. Elles doivent plutôt être envisagées comme des maisons de villégiature estivale qui auraient eu toute leur place dans des stations balnéaires huppées du début du XXème siècle.

Elles ont été édifiées sur une période d’un peu plus de 60 ans entre 1870 et 1935 avec une forte accélération des constructions au début du siècle.

Pour ne citer que les plus extravagantes et emblématiques de la réussite de cette immigration mexicaine, il faut mentionner :

La Villa Bleue (achevée en 1931 – Barcelonnette)

La villa La Sapinière qui abrite le musée de la Vallée (construite en 1878 – Barcelonnette)

Et bien sûr le château des Magnans (achevé en 1913 – Jausiers)

Mais les démonstrations de richesses ne se sont pas limitées aux habitations. Les cimetières de la vallée se sont peu à peu peuplés de tombes monumentales.

Imaginez l’étonnement des habitants de la vallée de voir sortir de terres des dizaines de maisons si différentes des constructions alpines traditionnelles.

La villa Morelia qui se trouve devant vous était la résidence de villégiature des quatre frères Audiffred.

Ils étaient les propriétaires du grand magasin « El puerto de Liverpool » à Morelia (Mexique)

La villa avait été surnommé avec un brin d’humour par les jausierois « la maison aux 400 femmes ». Non pas qu’il s’agissait d’un lupanar pour messieurs désœuvrés, mais plutôt à cause du célibat des quatre frères Audiffred qui étaient effectivement « les quatre sans femme ».

Célibat déclaré et revendiqué dans la vallée, mais en réalité mariés et pères au Mexique. Leurs compagnes ne faisant pas partie du voyage pour les vacances estivales au pays.

La construction de toutes ces villas a remodelé durablement le bourg.

Si l’on s’éloigne de quelques pas de la grille, on se rend compte que la partie droite du bâtiment qui abrite le Gîte des Bartavelles semble coupée à la hache. C’est plus ou moins ce qui est arrivé à cette grande bâtisse qui, à sa construction en 1877, s’étendait jusqu’à la maison sur la droite. A la construction de la villa Morelia, plus de la moitié de la maison a été rasée pour aménager l’entrée du parc que vous voyez aujourd’hui.